La santé professionnelle.Ou comment l’employeur peut devenir un efficace partenaire de santé. (1er)

La crise sanitaire finissante s’accompagne d’un profond renouvellement des perceptions de notre vie laborieuse (laquelle emporte environ 53% de notre existence).

Déjà perceptible avant l’intrusion du méchant microbe mais de plus en plus évidente au sein de nos économies occidentales, une pandémie de démission se répand. Le paradigme ancien, chimère née du taylorisme scientifique (seul ce qui se mesure est vrai) et d’un fantasme financier (seul l’actionnaire mérite d’être servi), semble sur le point de disparaitre, malgré son emprise encore sur certains empires… Tout récemment, un célèbre dirigeant confiait : « lorsqu’un salarié est heureux, c’est qu’il y a un problème de performance ». Un autre m’expliquait innocemment, que, nonobstant sa certification RSE¹, les formations imposées de santé/sécurité ou de leadership et ses engagements ESS² comme ESG³… si sa DRH était en burnout et sa secrétaire générale, à l’hôpital psychiatrique… c’était bien sûr imputable à leur seule vie privée ! Je brûlais de lui demander de me montrer leurs certificats médicaux d’arrêt de vie privée…

Une troisième pandémie, antérieure aussi et tout autant mise en exergue par celle du Covid, s’impose, perdure et croît, de plus en plus aiguë : celle des détresses psychiques – affectant premièrement les plus fragiles. Isolés et privés de contacts humains, matraqués d’incessants discours anxiogènes, privés de trop nombreuses libertés, celles et ceux, qui, au sein de nos communautés divisées ou disloquées développent de pénibles et durables souffrances psychiques, sont de plus en plus nombreux.

Dans les faits, cette forme de souffrance était déjà endémique en entreprise et dans beaucoup d’organisations, depuis plus de 3 décennies. Portée par nos croyances toxiques (et nos meilleures intentions) elles provoquent d’innombrables accidents psychiques professionnels, trop souvent maquillés. Le cloisonnement entre vie privée et travail, visant le respect intégral de nos vies personnelles semble légitime ; il se révèle pourtant irréaliste, dans la vraie vie. Et a peu à peu constitué – pour trop de dirigeants – un alibi ou un déni : le lieu du travail ne saurait en effet être, ni en aucun cas devenir, celui d’une détérioration de la santé psychique ! Cette santé au travail, la santé professionnelle, ne se limite pourtant pas à la seule prévention des accidents physiques, à la nutrition ni au sport, au babyfoot dans la cafeteria, à la mutuelle complémentaire ni aux éco-gourdes offertes à tous…

Définie en 1946 par l’OMS, la santé est « un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». L’arrêt du Tribunal fédéral suisse du 9 mai 2012 sur l'Ordonnance 3 du Travail (OLT 3) dispose que : « Tout employeur est tenu de prendre toutes les mesures nécessaires afin d'assurer et d'améliorer la protection de la santé et de garantir la santé physique et psychique des travailleurs. »

Le processus semble désormais inéluctable : le salarié talentueux choisira son employeur, non plus en fonction d’un salaire, mais en considérant d’abord le plaisir qu’il aura quotidiennement au travail et le respect intégral de sa personne. Et la garantie donnée de cette bonne santé physique, sociale et mentale deviendra déterminante pour l’attraction et/ou la rétention de nos collaborateurs.

Concrètement, cette santé professionnelle naît de comportements simples et de bon sens (donc très exigeants) : des relations harmonieuses (non-conflictuelles, courtoises et respectueuses), la possibilité d’une authentique contribution individuelle et collective (et non pas seulement la soumission quotidienne à des carcans imposés de consignes péremptoires) et la prise en compte des besoins de développement personnel et professionnel (grandir et apprendre, non pas par sacrifice, au seul bénéfice de l’organisation, mais comme une authentique performance).

Notre monde change. Cette nécessaire santé professionnelle n’est pas une nième mode managériale. Chaque organisation aura à se réinventer, loin des paradigmes obsolètes et des croyances toxiques. En interrogeant premièrement toutes les personnes humaines qui la compose, pour ensuite ensemble co-décider d’une organisation collective solide et pérenne.


¹RSE : Responsabilité Sociétale de l’Entreprise. Le propos est vague et restrictif : il serait plus juste de parler de responsabilité sociale de l’employeur.

²ESS : Économie Sociale et Solidaire : réduite trop souvent à une écologie de la surconsommation occidentale.

³ESG : Environnement Social Gouvernance

SPURRING

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